A nouveau, au détour du couloir, nous nous croisons. Cette fois, c’est vous qui m’avez remarqué, bien avant que je ne le fasse. Je téléphone. Robe corail, veste en jeans, gouttes ouverte sur mes seins, converse. Je parle, les yeux ailleurs. Votre regard sur moi, je le sens, puissant. Nos yeux se croisent. Trouble dans ma robe. Yeux profonds et foncés, large, poilu, look choisi, vous me plaisez c’est ainsi.
Ce matin, j’ai pensé à vous en choisissant mes vêtements. Cette idée est troublante. Pourquoi vient-elle s’insinuer entre une robe et un pantalon ? Que venez-vous faire dans mes ablutions du petit jour ? Ce matin-là, je ne vous verrai pas. Et je n’ai pas de chagrin. J’ai grandi.
Un autre jour, un autre bâtiment, une autre ville, je vous ai vu à la fontaine à eau. Tantôt, je vous avais aperçu au self, ce petit coup dans l’estomac. A la claire fontaine, je suis allée vous parler, vous demander si c’était bien vous que je croisais dans l’autre bureau de l’autre ville. Vous avez dit oui, amusé. Ou content, je ne le saurais jamais.
Ce matin, derrière ma table de cours au-delà de l’ennui, je me demande si vous êtes bon. Je tente d’imaginer la sensation de votre peau. Savez-vous y faire ? Aimez de votre langue ? Je veux me plonger dans vos yeux rieurs. Je veux les connaître mordus de désir. Et la taille de votre sexe. Je n’y parviens pas. C’est impossible d’imaginer une intimité.
Là, j’ai 15 ans. Je vous avais oublié, je fais ma vie dans les bureaux, et vous la vôtre autant que je puisse le supposer. Je me retourne pour parler à une collègue. Et vous êtes là, beau, grand, désirable. Vous travaillez simplement, tout simplement. Et je suis troublée, pour rien du tout, juste de vous voir là dans votre gilet de costume. J’ai 15 ans et je ne vous dirai rien, heureuse de vous croiser au détour d’un escalier. 15 ans, je lui jamais dit mon amour. Aujourd’hui à nouveau, ces petits riens sans lendemain suffisent à mes sourires journaliers.
Tout de même, vous seriez drôlement beau en kilt.
Très joli, merci
Souvenirs d’ado qui resurgissent
ou qui ne nous ont jamais quitté…