Absurde


Où est la boussole ? 1

Mon centre est dans le ventre, chaud et lumineux. Dans les magazines, ils le disent bien : pour être zen, retrouvez votre centre énergétique. A la page suivante, une femme tient dans sa main pure, un flacon de gélules d’huile de pissenlit à croquer par les racines. Elle est en tenue petite-maison-dans-la-prairie. La lumière sort du ventre, détruit les méchantes ondes magnétiques et enfin le Nirvana bio est retrouvé. Mon centre est dans le ventre. Tout est naturel, ici. Ma culotte est en coton, mon t-shirt aussi, surement fabriqués par des personnes faméliques payées avec un lance-pierre et logées dans de grands hangars à la sortie de Florence. Florence est […]


Les mères te mènent en voiture 2

Clac. Le bruit familier de la portière me fait sursauter. C’est un jour comme tous les autres, aujourd’hui je m’enfuis loin, sans but, sans rien, je m’enfuis enfin. Ou encore. Chaque matin, ils croient tous que je pars travailler dans cette voiture beige. Mais tous les matins, je me sauve loin de la meute assoiffée de mon sang. Ils se nourrissent de ma vie depuis le premier jour où ils sont se sont nichés dans mes côtes. Ils ont commencés par prendre mes vitamines, puis mon temps d’éveil, puis l’intervalle entre la portière et le mur, jusqu’à  engloutir l’espace qui séparait mon ventre du volant. Puis, ils sont sortis ensanglantés […]


Vous petit puzzle à sucer 6

Vous serez mon petit puzzle à sucer. Vous serez des morceaux qui ne ressemblent à rien. Venez découpé, sur une planche et mis en bouche. Ne sonnez pas, mais passez sous la porte à plat. Présentez-vous à ma langue, de façon à ce que je n’ai jamais besoin de me fatiguer, pour vous sucer la couenne. Ma langue est gourmande et insatiable, voyez-vous. Il vous faudra être à la hauteur. Dressez votre assiette en vous épilant. Que jamais un poil ne s’enroule autour de ma langue quand je baverai vos pointes. Dressez vos tétons, portez les à ma bouche et laissez-vous réchauffez à feu bouillant. Laissez-moi tourner autour du pot, […]


Absurde 8

      Les sirènes sont au bord de mon lit. Elles chantent la peur, elles chantent les tourments, elles chantent l’alarme d’incendie. Au bord de mon lit, elles sont assises toute vêtue d’écran plat et de mots à en plus finir. Je me lève. Les sirènes sont assises face à moi dans le café. Un petit noir, s’il vous plait pour accompagner mon livre. Elles me poursuivent, elles poursuivent les hommes dans leur retraite. Elles parlent en continu, disent ce qu’elles croient voir par le petit bout de leur objectif, interprètent en continu sans silence. Elles chantent la peur, toutes vêtues de blousons et de micros. Je me lève. […]