Si occitant 4


Bien sûr que tu me manques, ta peau me manque, ton rire me manque, tes mains dans mes cheveux me manquent, tes lèvres sur les miennes sont absentes. Mais je n’ai pas mal.

Bien sûr que la nuit me ramène ta tête écrasée contre le carrelage de la douche blanche, tandis que tes ongles noirs s’abandonnent. Bien sûr que mon sexe s’émeut encore de mon doigt dans tes entrailles, de tes râles et de mes reins qui s’agitent. Et mon cerveau bandait pour toi, de ce sexe érigé que je n’ai point. Je te possédais.

Bien sûr que les draps murmurent au monde que tu découvris la cuillère tout contre mes fesses. Ton souffle était sur ma nuque.  Dorénavant, tu sais dormir avec un corps et c’est le mien. C’est sûr,  je déteste qu’on me touche quand je m’assoupis mais ton cœur peut caresser ma nuit sans relâche.

Mes pensées sans cesse glissent vers toi. Tu aimerais ce cheval sous l’arbre. Bien sûr que je me souviens de ce baiser devant les ânes, et celui où le jute mangeait tes lèvres. Tu aimerais ces bois et j’aimerais ton humus. Nous nous lierions corps et âmes aux hêtres rouges.

Bien sûr que je ne verrai jamais tes parents pas plus que tu ne verras les miens. Nous ne sommes pas de nos familles. Il y aura ce serveur qui n’ose pas déranger nos amours et ta sœur à Honfleur que nous n’irons pas voir. Nous nous taierons nos fleurs au monde qui n’aime pas que les femmes mettent un peu plus de noir sur leurs yeux.

Bien sûr ton sexe ferme et vigoureux appelle mes désirs de sorcière. Je le chevauche. Je l’attache et le détend. Il rend grâce tout en blanc. Il s’affaisse vaincu. Et demain, encore, j’en regarderai la droiture quand ton trouble sera au bout de mes désirs.

Alors, dans ton cou, je déposerai des baisers. Il fera tiède et doux. Autour de ton cou, je passerai la main, tu me donneras ton souffle. Un instant. Je serai fière d’être à tes côtés. Je casserais la cuisse qui prend soin de moi. Je ne dirai rien ou je parlerai trop. Tu t’assiera à mes pieds. Bien sûr, tu seras beau comme un dieu tombé des nues. Et quand, j’ouvrirai la porte pour revoir tes yeux, mon cœur sera heureux.


Si tu as envie d'écrire, j'aurais plaisir à te lire

4 commentaires sur “Si occitant

    • Ookamich

      Comment après de si jolies évocations, exprimer le plaisir que j’ai eu à vous lire.
      Votre texte est simplement, non pas occitan mais
      stimulant, piquant, engageant, émouvant, plaisant, exaltant, échauffant, attrayant, électrisant, séduisant, troublant, agaçant, émoustillant, agréable, capiteux, enivrant, alléchant, aguichant, désirable, provocant

  • Gemssa

    Entre fantasme et vécu, ton texte laisse le doute.
    C’est très subtil.
    Même pas d’allusion à la masturbation,
    qui souvent accompagne ce genre de « situation et de pensées ».
    Ce qui entraîne le lecteur à se poser de (jolies) questions.
    Bravo.