L’extérieur est à l’extérieur de soi 3


Infusion feu de bois, cannelle comprise. Comment choisir du thé ? Au nez, ou à l’imaginaire. C’est l’hiver à l’extérieur de nous, et en nous un peu aussi. A demi-mot. Revenue dans votre intérieur, je m’assois dans la cuisine, habillée cette fois. Vous avez même fait des gâteaux aux noix et au chocolat. Ou aux noisettes, les souvenirs se brouillent toujours. Je vous donne le bonjour de l’homme, de celui qui m’avait fait pénétrer ici où nous nous sommes croisés. L’extérieur n’est pas à l’intérieur de soi. C’est faux. C’est un sourire trouble et poli, timide et bandé qui vient de l’intérieur. J’ai vu vos lèvres qui à peine se soulevaient. Comme si j’avais jeté un caillou à l’eau de vos pupilles, des ondulations s’y évanouissent. C’est un miracle de quelques secondes. Je n’y ai pas pris garde. Ni votre sexe. J’étais un flamand rose malhabile entre vos mains. Nous étions timidité contre timidité sans se toucher. Dans mes mains, j’avais saisi le chanvre et le jute. Je ne me souviens jamais du jute. J’ai pensé au jus. Jus d’abricot. Jus de fraise pour les jours rieurs. L’intérieur est à l’intérieur de soi. Tu n’es pas à l’extérieur de toi. Tu n’es pas à l’intérieur de rien. Oh, qu’est-ce donc ? Du rouge avec des dentelles. Et mes seins restent cachés.

Dans la cuisine à nouveau, sans y prêter attention, bien après que les derniers fantômes soit passés, j’ai enlevé mon t-shirt noir. Sur le piédestal, le monde avait tourné, accroché de beige et de rouge. Vous aviez dit que c’était beau. Vous aviez tiré sur la corde jusqu’à la grimace. J’avais soufflé:  je suis à l’intérieur de moi et à l’extérieur aussi. Tu es à l’extérieur de toi. L’extérieur n’est à l’intérieur de rien. Tu es à l’extérieur de l’intérieur. Vous aviez souri. C’est idiot, j’avais la jambe pliée et le souffle à peine coupé. Nous allons toujours vers les mers intérieures et interdites, au delà des berges. Tiens, le pervers se réveille à bord du consentement. Jusqu’à quel rivage pouvons-nous naviguer pour l’autre ? Vous aviez attrapé mon visage, j’ai ouvert les yeux pour vous offrir la satisfaction de mes pupilles. Vous aviez souri. L’intérieur n’est pas à l’intérieur de soi. Rien n’est à l’extérieur de lui. L’extérieur n’est pas à l’extérieur de soi. L’extérieur est à l’intérieur de toi.

Dans la cuisine, avant d’aller prendre mon train, avant de retrouver la bonne rue et peut-être ma gauche et ma droite, j’ai enlevé mon t-shirt noir. Sur le bord de la chaise, mon soutien gorge rouge attend de reprendre sa place. Je le saisi. L’extérieur n’est pas à l’extérieur de rien. Je le pose sur mes seins.

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En italique, extraits de Vous qui habitez le temps de Valère Novarina


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