Le sexe ému ne trouve pas le chemin des mots 10


 

 

J’ai la page blanche de vous. Depuis vous, j’ai écrit, écrit et écrit encore. Mais vous ne vient pas. Comme si cette rencontre était si exceptionnelle dans ma vie, et si banale dans une autre, que les émotions ne trouvaient pas le chemin des mots.
Ce n’est pas tout à fait cela. C’était si riche que les mots ne peuvent contenir autant de trésors. Comme si les mots n’étaient que des pop-up, des étalages de couilles et de fendus ouverts, des ongles carrés et des bites d’amarrages. Le sexe  sans séduction ni doute n’est plus qu’un étal de chair, un rubi-cul, une cantine à sextoys et un rasoir géant à bas les poils. Les présences et les cicatrices, elles, donnent l’imparfait, notes secrètes au diapason des vies.
Nous deux-trois c’était tout ça. Et c’était rien à voir. Que diraient les mots ? trio ? Oui mais non. Voyeur ? Oui et non. Nouvelle d’Anaïs Nin ? On s’approche. Oui, voilà. C’était un décor et une ambiance de Vénus Erotica.
Et pourtant

Vous ce fut tellement plus. Une si incroyable rencontre.
Un baiser fantôme dans un patio. Deux baisers dans l’entrée. Un sur la terrasse. D’autres sur la table.
Voyez comme les mots sont secs pour y dire l’émotion infime nichée sous chacun des baisers.
Je voudrais foutre en vrac tous les flashs, tous les émois, votre foutre dans ma chaussure noire, et mes chaussures rouges exposant un impudique macaron chair. Je voudrais vous dire la douceur et l’intensité de nos conversations. Plus que cela, l’intimité de nos mots et la profondeur de nos âmes. Il coule de l’Italie dans nos veines, de la mer bleue, du sel de mer, des voix de poissonnières et des pierres blanches. Il y coule des clans, des naissances, des blessures et des élans érotiques. C’est la vie. La vie qui jouit. Avec simplicité, sans se forcer. Elle jouit libre et secrète.
Entre nous pas de trouble, mais de la réjouissance. Entre nous pas de peur, mais de la présence. Être. Je vous ai aimé les lunettes au bout du nez, le crayon qui gribouillait la feuille épaisse. J’ai aimé vous regarder être vous-même, nu et inspiré. J’ai aimé jouer avec votre appareil et jouer avec votre sexe. Vous embrasser.
Que dire de ce chamboulement doux, lorsque ma cuisse, simple et joyeuse a croisé la vôtre ?

 


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