Ça s’appelle désir. Face à face, j’perds la parole. Pile à pile, j’perds le tempo. Je pourrais dire n’importe quoi, même parler de boulot, pour casser le silence. Je patauge dans le désir, je ne sais pas, je n’ai pas les codes. Il me faut tout réapprendre. Il me faut casser la facilité. Oh, j’ai déjà caressé des seins et plonger ma langue sous les méandres. Je suis allée de côté, sexualité alternative comme on dit. J’ai voulu essayer, tout essayer. Des filets hétéréo m’ont englué, des haches normées m’ont taillé les yeux. J’ai mis des pantalons mais je suis toujours resté à ma place. Je voulais trouver, alors j’ai mis des bas noirs et des talons. Et j’ai eu mal aux pieds. J’ai sucé des seins, des hommes en étaient heureux. Et j’ai eu mal au désir. Toutes ces femmes qui n’aiment pas les peaux de femmes mais font plaisir à leurs hommes. Je voulais des chattes qui frissonnent. J’ai appris ce que je veux : des consentements à pleine main.
J’ai appris à dire non. Je me suis laissée attacher. On m’a appris, des hommes encore, à dire là où j’ai mal, là où j’ai non. J’aime la douleur, je l’ai toujours su. Surement que le psy va demander si c’est de la faute de ma mère. Mais je t’emmerde. Je veux cette douleur-là, et pour celle-ci va te faire enculer. Je le ferai bien, tu sais, si tu le veux. Je mettrais mon doigt dans le plaisir. On se demandera « tu aimes ? ». On sera bien. Homme ou femme, on s’en tape. Sexe comme on en a envie. Je te ferai mal quand tu le veux. Je prendrai tes chemins. Tu prendras mes mains. Nos yeux plantés en oui.
J’ai appris dans les livres que le sexe n’allait pas de soi. J’ai appris au bord de la musique que le couple c’était tout et n’importe quoi. Chaque rencontre est une création. Ah, bien sûr, nos grands-mères crient derrière la porte et jusque dans nos draps. Elles disent, hey, vous êtes des femmes ! On vous veut en-dessous, femmes fatales à la limite. Derrière nos mères-grands, les papis hurlent que le monde n’est plus ce qu’il était. A leur époque, on savait ce qu’on voulait, le sexe était pour les conquérants ou les maris. Qu’on voie ton cul à la télé ? Oui, mais quand papi l’a décidé ! C’est quoi cette mode où ne sait plus qui est la soumise ?
Nos mots s’emmêleraient, c’est si bateau. On ferait des textes ensembles. Tu dirais à la foule le désir sous musique. Je dirai à la foule le sexe avec nos limites. A deux, on ferait tout fort les tabous face à la foule. A deux, tout doux les tabous face à nos incertitudes. Que j’aime ton intime, que je lèche tes épaules et que ton sexe s’entend. Que tu aimes tomber le caleçon et qu’importe la forme de ton sexe. Sous ton t-shirt, tes seins libres. Tout au long des couloirs, nous aurions peur de nos timidités. Tes pieds dansent et je suis en transe. C’est si bateau que mon ventre palpite.
Ta voix m’emporte. Ton engagement me transporte. Tu prends ta place, ça me rend dingue. Tu bouges, je suis chose. Ton regard croise le mien, je suis au sol. Je n’imagine rien avec toi. Sans savoir ce que tu veux, je ne peux me projeter. Et draguer, une meuf, sans le net, j’sais pas faire. Tu bouges, je souris.
Tu choisiras peut-être de me dire non. Et ce sera OK. Juste OK.
***
Illustration, trouvée sur le net, dont je ne connais pas l’auteur.e
Tu n’es pas obligée de te soumettre aux fantasmes des Z’hommes,
si ce n’est pas ton idéal. Même par amour.
J’espère que cette fois ci, mon commentaire aura une réponse.
Tes derniers mots m’ont ramené à une formule que j’utilise parfois à la fin de mes textes pour clôturer ces choses là. « Cela me va ». Il y a d’autres mots aussi, d’autres pensées, d’autres images aussi en écho, évidemment.