Cette fois, c’est moi qui mène la danse
Elle pose son téléphone affolée de son audace. Elle ? Mener quelque chose ?
Que va-t-elle pouvoir inventer ?
Des rêves érotiques, elle a plein sa besace. Des idées farfelues n’en parlons pas! Mais faire, organiser, mettre en œuvre, ce n’est pas son truc. Quel curieux paradoxe. Cette fois ce serait différent, se promet-elle. Pour mettre en œuvre son plan, il lui fallait être logique comme un mec. Enfin, comme on dit que les mecs le sont, selon la légende bien connue, où les garçons naissent dans des pommes de terre, grandissent sur mars, avant de s’enfermer dans des cavernes pour y boire des frites à l’huile de palme et croquer des bières de sang chaud.
Sa réponse : Ok tu organises mais tu portes une robe rouge. Pffff, une contrainte. Le truc qui a le don de l’énerver autant que de lui donner des idées… Une robe rouge, a-t-il dit ? C’est lui qui verra rouge. Hihi. Elle allait lui dire d’arriver à minuit. Parce que… Non, ce n’est pas amusant. Disons, plutôt 11h59. Je vais régler mon horloge avec quelques minutes d’avance. Comme il sera forcément en retard, je pourrais alors appliquer ma sentence.
Appuies sur la persienne et la sonnette tintinnabulera à 11h59 précise.
Il repose son téléphone un immense sourire aux lèvres. Il adore cette nana. Elle est parfois un peu étrange, genre qui vient d’une autre constellation. Imagine le délire. Y’a un mec qui raconte que les filles viennent de Venus. Ce serait plutôt une martienne, si vous voulez son avis. Confidence pour confidence, il l’adore, aussi, pour ses fougasses. Non mais attendez, elle les fait comme sa propre mère ! Et ses tartes au citron avec une pâte maison, à tomber…hmm. Approchez-vous, je vais vous dire son secret : ce qu’il préfère dans la tarte c’est le trottoir. Mais, ne lui dites jamais que j’ai vendu la mèche !
11h45. Il est devant chez elle. Il se sent bien dans son appart. Elle l’a aménagé comme un mec. Rien à voir avec ces boudoirs exubérants, ornés d’arabesques ou de volutes entêtantes. Non, des couleurs sobres, blanc, noir, gris. Les toilettes sont d’un bordeaux vif. Il n’a jamais compris pourquoi d’ailleurs.
11h55, il est devant la porte, en haut des escaliers. Il commence à connaître ses jeux de mots, style petit chaperon rouge : persienne pour porte, tintina-machin pour sonner, sonnette pour sonnette… Mauvaise sur ce coup là. Avertisseur pour sonnette, ça aurait été plus fun.
11h59 à son écran. Il sonne.
Elle ouvre. Nue. (Je n’ose vous décrire l’expression de son visage). Elle l’embrasse d’un rapide baiser comme lorsqu’ils se retrouvent au café. Mais elle est nue. Il la suit, tendu déjà. Il lui donnerait bien une petite claque sur la fesse. Non, penser à autre chose, rester maître de ses émotions, respirer comme quand il entre en scène. Il hésite. S’assoir dans le canapé, aller à la cuisine ? D’habitude, il se sent comme chez lui, mais là… Elle revient avec une coupe de glace. Elle la pose sur la table basse, met de la musique, reprend la coupe, comme s’il n’existait pas. Il faut faire quelque chose. Les baffles ronronnent. «Elle court dans tes couloirs, elle rue dans tes converses». Il s’assoit.
Il va à la bibliothèque. Prend, cherche. « Avec un H ? » « oui ou non » Il se retourne prêt à lui lire la définition. Elle est assise, les jambes écartées et parfaitement indécente. « Et j’en deviens baba et les quarante voleurs ».
Il assure sa voix : «Élément tiré du grec ν υ ́ ξ, ν υ κ τ ο ́ ς «nuit», entrant dans la construction de termes savants ou techniques et indiquant une relation avec la nuit ou l’obscurité»
Entourloupe ? Elle vient de quelle époque, exactement ? Et cette pose rétro…mais, c’est que… Son esprit peut enfin se raccrocher à une logique. A la sienne. Il peut à nouveau faire une constellation de données, programmer, créer des boucles, rebooter, faire des expressions ternaires. Quel talent ! Emmanuelle. C’est exactement cela ! Elle lui a toujours fait penser à Emmanuelle.
Il voit ses yeux se troubler. Il aime. Il se sent bien trop à l’étroit. Il pose le dictionnaire. S’approche. S’agenouille. Elle ne bouge pas, essayant de cacher son émotion. Il pose sa langue sur ses seins. S’approche de son oreille. Il a l’esprit bien clair maintenant. A lui de jouer :
– Je vais réchauffer ton pôle Nord
Elle frémit. Sa langue descend. Je ne vous fais pas de dessin. Vous savez où elle va. Vous savez où elle va aller. Elle va avoir chaud. Elle va oublier son plan ingénieux. Une éclosion de saveurs. Elle va soupirer. Elle va gémir. Un naufrage de son esprit. Elle va reluire dans un cri.
C’est un jeu de mots. 25 ! Oui 25 mots à placer. J’ai triché. A vous de voir où. J’ai ajouté le mot frites (association d’idée d’un blogueur impertinent qui n’a pas participé à ce jeu)
Chacun des mots en dessous relient au blog de celui qui a proposé le mot. 25 textes à lire Génial, non ? Et gratis en plus ! Et puis, c’est extraordinaire de voir ce que chacun a écrit avec ces mots. J’adore !
Pomme de terre Tintinnabuler Éclosion Couleurs Boudoir Arabesque Reluire Altérité Sentence Glace Constellation Fougasse Confidence Logique Rêve Paradoxe Persienne Palme Trottoir Émotion Pôle Entourloupe Nycthémère Café Perpétuellement
(Cliquer gauche sur chaque mot et vous accéderez au site ou profil de chacun)
Enfin les citations du texte viennnent de cette chanson «Ta vamp orchidoclaste».
Alors là, je ne m’attendais pas à un tel dénouement !!!! lol
Excellent !!!
;-) Surprendre le lecteur est un plaisir réjouissant…
Original et communautaire ! Mais on reste sur notre faim vilains mateurs que nous sommes ;-) Arrgh !
Bienvenue ici Calder :)
Vous voulez voir à travers les mots ? Il y a de quoi ici. Essayer cela par exemple :
http://authentiquestropiques.blogspot.fr/2013/11/pendre-mes-jambes-son-cou.html
ou
http://authentiquestropiques.blogspot.fr/2013/07/reveil.html
Ce n’est qu’une mise en bouche ;)
La blase… j’écrivais un texte en live sur la zone de commentaire, quand IE8 m’a planté !!!! grrr SALAUD !!! Bon ben tant pis, pas de texte.
Mais euuuf Sniffff
Ah non, bouuuh
Avant, on se dit -pour l’avoir vécu- que les inversions de rôle sont terriblement difficiles à tenir sur la durée (en tout cas, pour les filles!) et on se doute du dénouement… et puis il y a les 25 mots et cette explication qu’on n’attendait pas! Excellent! ;-)
inversion de rôle difficile à tenir sur la durée pour les filles ??! allons, allons, faut persévérer… ou pas :)))
Il y quelques (beaucoup) hommes qui fantasment d’une fille qui prendrait en main le jeu, au moins une fois…
Super ton recit, on a envie de finir en constellation reluisante dans ton coin café..
J’ai essayé, merci :)
Vous avez essayé ? Je suis allée voir sur votre blog et s’imposer une discipline vous a plutôt réussi :)
J’aime beaucoup ta phrase du com !
(je passe allégrement du vous au tu )
excellent ! subtil, ludique et ré-jouissant ! j’aime aussi les textes qui restent en suspens. les meilleurs donnent assez d’indices pour que notre imagination poursuivent ;)
exercice d’écriture fort réussi
Merci Brigit :)
Laisser la place à l’imagination de l’autre (ou à des caresses nourries aux fantasmes, cela ne me regarde pas) est ce que j’essaye de faire.
C’est l’imagination qui habille les mots et dénude les envies ;)
On le lit pas vos mots Marie Tro, on s’en délecte, on les déguste, jusqu’à plus soif. Quel talent ! J’en perds mon latin.
J’ai aimé lire en ayant Thiéfaine en tête…