Cette nuit-là, la lune était par le velux, et la fumée des cigarettes se faisaient la malle. Les belles étaient belles (oui si belles), simples, sages ou nues. Il faisait ocre. C’est en haut de l’escalier que tout se passe, après la deuxième volée de marches. Il faut passer devant la salle de bain verte, la chambre d’amis, celle du maître des lieux et la chambre où règnent les pots de peintures et les gravats. Le vestibule est rouge, le grenier blanc. Les fers ne sont pas rouillés. Les poutres sont maitresses même si quelques unes ne sont que décor. Ils dressent leur bambous cachés, elles salivent les petits plats.
Vénus est là, sorti des eaux, nue sous sa chevelure rousse. Ses cheveux sont courts. Ses seins ferment la cadence. Les bras vers le ciel, ils s’étirent de cuir. Un visage est masqué, et une chatte imberbe s’écarte devant le passage des invités. Le train ne siffle pas. La nuit ocre s’écoule sur le plancher. Debout, la jambe levée, le pied en pointe, danseuse immobile, je regarde.
Assises sur des fauteuils en osier, nous contemplons la ronde du serpent qui s’enroule autour d’une taille. Il laisse des traces de morsure sur la peau gémissante. Je crois qu’elle a levé le pied à moitié entrainée à moitié lâchée. Mon œil saisis la pellicule au vol.
Alors, pour exposer sa peinture, l’un des leurs saisit un chevalet de bois. Il fit descendre l’anneau, il fit lever les mains de l’albâtre. Sur un paillasson, il la fait s’essuyer proprement afin que le complice pénètre chez la maitresse de maison. Elle aurait préparé les bougies pour un festin des bois. Elle aurait protesté un peu, pour la forme oblongue. Dans une heure ou trois, elle portera un tatouage sous sa couverture rose.
C’est d’un tempo commun que ma sœur et moi embrassons le jute. Nous flottons dans l’air ocre, nous suintons de toute notre âme. Là-bas, une nouvelle découvre et sa chevelure caresse le parquet clair. Je lui passerais à l’oreille des cliquetis doux. Je lui proposerais de descendre au plus profond de son corps, et il le fera bien. Il sera assis à ses côtés, le temps qu’elle revienne à nous.
J’appelle ma sœur pour qu’elle assiste à la danse. Je caresse ses boucles d’or. Son cul, devant nous, tourne, toupie élancée. Ses manches de sage, ses élans, son passage dans l’autre monde, là devant nos bijoux. Je caresse le dos de ma sœur.
Cette nuit-là, je maudirais l’homme qui prononcera les mots robe trop sage. Je sourirais à des inconnus, je m’enfuirais loin des énergies apeurées. Il se fera tard. Elle fumera des volutes d’herbes folles. Je masserais le dos d’un homme au parfum de chocolat. Il se fera encore plus tard, et la cour sera noire.
Au petit matin, elle me montrera ses fesses.
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Illustration : Yannick Corboz
Oh dis-donc, c’est comme si j’y étais … merciiiii !
Divin tableau.
J’adore.
Je vois, je vois…