De cuillères, de brûlure, de crème et d’écriture


Les mots mentent les mots au goût de menthe sous le craquant d’une crème brûlée au chalumeau les mots mentent sous ma couche brûlée au chalumeau les mots sous ma croûte soupirent de cyprine et de pus mêlés les mots croient dire la deuxième couche sous la timidité glacée au chalumeau les mots écorchés au fond de mon anémone anémiée sous la croûte brûlée crac un coup de cuillère à dessert ça suppure jaune épais trop sucré sous la couche des coups pris sous la dureté enduré en-dessous en-dessous encore faut que tu t’accroches en-dessous ma peau douce, en-dessous les soupirs en-dessous de la croûte lascive intensité les mots mentent le corps dit après avoir cassé la crème brûlée après alors après le plaisir

Viens faire la cuillère, viens casser ma crème brulée, viens apprivoiser mon dessert, ne prend pas peur de mes silences, prends des pincettes, ne prend pas peur de mes sursauts,  quand on aura cassé la brulure, quand on aura rapproché nos mains, quand nos yeux auront brulés, quand nos mots se seront rencontrés sans que personne ne le sache, quand on aura touché nos papiers bulles, quand on aura tracé des mots à la cuillère, quand on aura écouté nos rires, quand on aura bu un verre, quand on sera dans l’autre maison pas à nous, quand aura trouver un lit tout doux, quand on aura cassé les peurs, quand on trouva la bonne cuillère dans le bon tiroir, s’il te plait,  prends-moi sans pincette, s’il te plait je te rendrai la pareille,  une nuit avec peu de sommeil, tant pis demain il y a télétravail

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illustration : Pete Harju

Si tu as envie d'écrire, j'aurais plaisir à te lire