Bar à paillettes


Tout a commencé par un bar à paillettes biodégradables. Elles s’enlèvent avec l’eau, parait-il. Elles sont chères mais ça vaut le coup, disait-on. Je regardais toute cette agitation depuis une distance respectable. Les paillettes, très peu pour moi. C’est un truc de fille et je suis une âme double*. C’est un truc à me filer des boutons, déjà que je ne supporte pas le maquillage. Elles repartaient toutes décorées d’un impressionnisme post-pangolin : yeux, clavicules, épaules, bras écaillés. Non non merci. Nope. TOI MOI DES PAILLETTES, dit-elle.

Je suis Nakuna de l’autre pièce, elle m’enveloppe d’un sol à pois noirs et blancs, elle m’entraine sous sa chemise, sa peau luit de paillettes, je deviens plancher flottant, ma taille s’enhardit, Nakuna plonge sous mon carton-pâte, je dis oui, oui je veux des paillettes, si je me frotte aux tiennes, Nakuna armée de son pinceau frotte son mur de couleurs brillantes, elle étale sa pâte colorée aux rideaux,  elle s’enlumine le local, TOI MOI DES PAILLETTES, je dépose mes vêtement au plafond, les guirlandes luisent de vert, elle rit, une autre entre danse, une autre argentée de pied en cape, elle plonge dans le sol avec nous, elle tourne tout autour, galaxie improbable.

Ok cool, c’est bien tout ce bordel poétique de sol transformé en lagune à paillettes, mais ce que je veux, c’est me frotter à toi, toute nue. Grouilles-toi de te foutre des paillettes où tu veux. Ouais je t’aide si tu veux. Si ça te fait tripper, je ferai la queen du désert ou la sirène, je prendrais le temps qu’il te faut, mais ce que je veux c’est frotter ma peau à la tienne. Je veux me perdre dans tes paillettes, je veux faire vegas sur tes seins, amante irisée, je veux que la baronne du dimanche nous rejoigne, tous seins tendus, je veux bang bang en violet et jaune pâle, ou en écrasé de framboises si vous voulez, mais venez toustes, venez collés vos poitrines rondes ou sourdes, cicatrisées ou plates, venez vous mélangez les paillettes, mon âme double danse autour de vos cons, your tigresse, je veux te plaquer au mur, te serrer tout contre ton consentement, tu seras mon cuivre moustache qui arrête les colombes en plein vol, blanche nacrée, je n’ai rien inventée tu sais, ni les chéris choco ni les yolos, je veux juste prendre le lead, ce soir entre toi et moi et les autres corps qui nous lèchent la vitrine, mes doigts sur ton turfu, je serre ta respiration, je plonge ma langue, tu baves parme, et toi là-bas laisse tomber la parole, je veux être sale entre tes lèvres, va plonge vire ton legging beige, et go, viens foutre tes poils sous mes narines, ouais vas-y, on va y coller du cœur grenadine, tu ris, je lèche un dos écaillé, violine sur hanches, paume sur nuque, Marie-Madeleine du dance floor, ta fesse frôle la mienne, je ne sais qui insère ses doigts tout au fond, tagada de reines, dans le coin cobalt je souris à Pamphile, iel est si beau sous ses seins dorés, nous faisons adelphes à corps, brute de paillettes, je t’aime à tous les vents ce soir, entre les dents de santa macarena, pour toujours biodégradables, ma colombe la nuit sera blanc irisé.

***

Illustration, référence et site pour les paillettes biodégradables : si si la paillette

* Autre ref : Les aventures de China Iron de Gabriela Cabezon Camara .  Femmes libres de la pampa : Une Indienne, une Britannique, un gaucho et un chien : quatre personnages pour un profond roman de formation dans l’Argentine sauvage du XIXe siècle.

Si tu as envie d'écrire, j'aurais plaisir à te lire