Baiser n’est pas jouer 3


 

Elle sait ce qu’elle fait là. Elle le sait bien mieux que tous les hommes présents. Elle leur fait face, fière et narquoise.  Elle a tout élaboré bien qu’elle ait délégué la mise en œuvre au maître des lieux. Quelques instants auparavant, quand ce dernier lui avait ouvert la porte, elle avait éprouvé la satisfaction que procure le travail bien fait. Il fallait maintenant savourer l’inconscience de ces hommes.

Elle les toise du regard. Dans le salon de cette maison de location, les meubles y sont chinés avec goût et argent. Rien de luxueux mais rien de populaire non plus. Elle n’a aucune idée du nom des styles des antiquités qui vivent ici. Elle ne sait rien des artistes exposés ça et là au gré des murs. Elle sait seulement que ces objets ont le parfum du petit élitisme des consommateurs de culture, de ces gens qui gagnent deux SMIC tout en se plaignant de payer trop d’impôt.  Elle avait refusé d’apprendre leurs codes, leurs noms et leurs références. Mais à force de les côtoyer, elle sait reconnaître ces hommes empreints d’une supériorité qu’ils oublient. Leurs bouches parlent du peuple, leurs livres parlent d’ouverture, leurs chansons dénoncent la pauvreté, leurs miroirs reflètent leurs gros mots (un fuck de temps en temps, arrosé d’une bière tendance). Ils étaient là, entre gens du même rang, assis dans les canapés de cuir. La platine vinyle joue le requiem de Mozart comme elle l’avait demandé. Elle préfère dire : « tourne-disque ». C’est très amusant de prononcer ce mot  parce que ça marche à tous les coups. Un de ces hommes, celui-là ou un autre, dira dans un petit rire : « une platine vinyle, tu veux dire ». Il se sentira un brin supérieur. Elle sourira sous cape de l’avoir si facilement piégé et le rangera dans son catalogue de bel idiot qui considère ses coutumes comme universelles.  Elle est là, ultra féminine, de cette féminité dont ces hommes abreuvent leur présentation des sites de rencontre. Ils aiment la femme féminine, gentille, passionnée, intelligente et douce. Elle est plantée devant eux. Elle a joué de tous les codes: jupe crayon noir, bas, talons rouges, chemisier blanc. Sa coupe de cheveux courte pourrait jouer à son avantage si elle n’avait eu le mauvais goût de les teindre en gris et violet. L’un d’eux le pense si fort qu’elle l’entend. Ils portent des pantalons de toiles dont les couleurs forment une combinaison chromatique de beige, d’ocres et de bleus. Leurs chemises sont classiques, parfois légèrement bariolée. L’un a pu oser un pull rose ou jaune. Chaussures en cuir, bien entendu. Elle les verrait à moitié nus, suants, apeurés, jouant les braves. Ainsi le voulait-elle.

 

***

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3 commentaires sur “Baiser n’est pas jouer

  • Chlorophyle

    Les conversations s’éternisaient, si elle n’avait pu imaginer toutes les douces tortures qu’elle leur infligerait, elle aurait certainement baillé d’ennui. Mais elle continuait à sourire. L’hôte était comme à son habitude, sûr de lui, de lui aussi, elle jouerait. Assise sur un fauteuil, elle échangeait avec un homme sur la dernière biographie qu’il avait lu. Baudelaire, ou Montaigne, elle n’écoutait que d’une oreille, ne pensant qu’à la queue du sieur bavard. Elle se demandait à cet instant, si il pouvait percevoir ses pensées licencieuses et à quel moment, il en serait troublé. Au détour d’un mot, de sa voix qui traîne un peu sur les consonnes, de son regard translucide dans lequel les hommes se perdent si souvent et de son sourire. Elle n’avait même pas à minauder, ni à mettre en avant une courbe ou deux, ni même à insuffler quelques idées lubriques par quelques mots prononcés. Il lui suffisait de penser au sexe, cela suffisait, ils balbutiaient. Ce que son interlocuteur ne manqua pas de faire. En face d’elle, l’hôte et un invité conversaient, debout, un verre à la main. Elle décroise ses jambes et les écarte légèrement, elle ne porte rien d’autre que ses bas sous ses vêtements. L’hôte sourit, son invité rougit, elle regarde le second avec insistance. Lui a le regard plongé entre ces cuisses impudiques, n’arrive pas à s’en défaire. Ce sera donc lui qu’elle choisira comme sa première proie. Elle se lève, pose un dernier regard sur l’homme aux aguets et se dirige vers le bureau de son hôte. La lumière du bureau est tamisée, la musique légèrement étouffée et quelques bruits de conversations s’échappent. Une boîte est déposée sur le bureau, elle l’ouvre et comme prévu, des préservatifs s’y trouvent, elle sourit. Lentement, elle relève sa robe, s’appuie de ses deux mains face au bureau et laisse ses fesses nues à la vue de quiconque entrera dans la pièce. Elle aime cet instant d’attente, ne pas savoir qui vraiment, ni comment. Imaginer la sensation d’une queue la pénétrant, de mains inconnues sur sa peau. Des pas feutrés se font entendre, puis s’arrêtent à l’entrée du bureau. Les battements de son coeur s’accélèrent, son sexe se gonfle de désir, elle attend. Les pas se rapprochent, elle sent le souffle de l’inconnu dans son cou, un je…s’échappe. Elle pose une main sur les lèvres inconnues qu’elle ne veut pas entendre. Descend sa main entre les cuisses de l’homme, caresse sa queue dure et lui tend un préservatif. Elle n’a toujours pas vu son visage dont elle se fout éperduement. Avec le temps, elle a appris que chosifier les hommes les rendaient moins conquérants, moins sûrs d’eux, plus appliqués. Sans le voir, elle sait que les mains se débattent sur le plastique du préservatif, impatientes et maladroites. Elle soupire, ce qui a le don d’agacer l’amant fébrile et ce qui elle, l’a fait sourire. Ce sourire s’efface immédiatement quand la queue dure pénètre ses entrailles. D’un coup, entière…d’une main, elle bloque le bassin de l’amant, pour ressentir cette queue et replace ses mains sur le bureau. Le mouvement se fait plus ample, plus souple, l’homme sort sa queue presque entièrement et la pénètre à nouveau profondément. Elle entend vaguement que la musique s’est arrêtée, comme prévu. Et seuls ses cris de plaisir résonnent dorénavant entre les murs. Une main entre ses cuisses, elle caresse son sexe pour jouir de cette queue, indifférente aux pas qui entrent dans la pièce, plus nombreux cette fois. Elle reprend son souffle et sent cette fois d’autres mains sur ses bras, ses cuisses. Elle se retourne, fait face aux cinq hommes en face d’elle. Sans doute les quelques autres, moins téméraires arriveront plus tard. Elle fait un geste de la main pour arrêter celle d’un des hommes. L’hôte a une main posée sur sa queue, prêt à défaire son pantalon, elle l’ignore, il attendra. Face à elle, les hommes attendent aussi, prêts à bondir au moindre signe. Elle se dirige vers un, qu’elle choisit au hasard, s’agenouille devant lui, défait son pantalon, attrape lentement sa queue, lève les yeux vers lui en souriant et le prend dans sa bouche. Aussitôt, des mains s’approchent et la touchent, elle les repoussent d’un geste. Les voyeurs reculent, dociles. C’est une soirée où elle décide, qui, quand, comment et quoi, sûre après son passage de laisser des tonnes de frustration auprès de la gente masculine. C’est le jeu, son jeu. Elle profite de la douceur de cette queue, de la sentir frémir sous sa langue et pousse quelques gémissements de plaisir. Elle se relève sans avoir fait jouir l’homme et pose ses fesses nues sur le bureau, elle recule un peu, écarte ses cuisses et désigne du doigt un homme et sa bouche si tentante. Il s’exécute, glisse sa tête entre ses cuisses et a cette manière si douce d’écarter ses jambes lentement, de ne pas lécher son sexe directement, d’embrasser ses cuisses. À ces gestes, elle sait avance qu’elle jouira, en prenant tout son temps. L’homme s’applique, avec lenteur il la fait monter de pallier en pallier vers la jouissance. Elle pourrait jouir vite, ce qu’elle se retient de faire. Les hommes autour d’elle se caressent en la regardant, un peu à distance. Cette image lui fait oublier le temps, l’attente, la jouissance part sans qu’elle ne puisse la retenir. Elle jouit sur cette bouche délicieuse, mouillant au passage le visage de cet amant prometteur. L’hôte lui tend une coupe de Champagne qu’elle boit en reprenant son souffle. Sur un fauteuil, un homme est assis, la queue entre ses mains. Elle le regarde, pose sa coupe, se relève de ce bureau et se dirige vers lui. Son sexe palpite encore d’avoir joui et s’asseoir sur cette queue lui semble la seule chose pertinente à faire. Quand cette nouvelle queue la pénètre, une onde électrique parcourt son corps. À chaque va et vient qu’elle impose, son sexe s’electrise comme de multiples répliques après un tremblement de terre. Elle ferme les yeux, profite de son plaisir. Quand elle les ouvre une queue est à portée de sa bouche, elle l’invite d’une main et la prend entre ses lèvres. Elle n’a plus à retenir les mains baladeuses, chacun ayant compris le sens du jeu. Longtemps elle chevauche cet homme, lui offrant ses seins au passage. Dans un cri, l’homme jouit, trop vite à son goût. Les jambes fatiguées par l’assaut, elle se dirige contre un mur, près d’une bibliothèque, relève une nouvelle fois sa robe et attend. Quelques secondes à peine s’écoulent avant qu’une nouvelle queue vienne la combler. Le visage calé contre le mur, elle regarde leurs ombres de refléter sur la fenêtre. L’homme a encore sa chemise, il la tient par les hanches et la pénètre avec force. Elle voit son propre cul tendu. Le plaisir monte à nouveau, l’homme passe une main entre ses cuisses et la caresse en la pilonnant avec vigueur. Des cris s’échappent, elle jouit encore. Quand l’homme jouit à son tour, elle se retourne vers les hommes qui attendent leur tour pour certains, ont déjà joui pour d’autres. Elle se ressert une coupe de Champagne, la vide, embrasse son hôte, colle sa langue contre la sienne, joue un peu. Elle se détache de lui, redescend sa robe, sourit à l’assemblée et leur souhaite une bonne soirée en partant. Sans plus de mots, sans un regard de plus. Le jeu est terminé
    Chlorophylienne

  • Jean Dormil

    Car malgré tous ces airs supérieurs, c’est bien elle qui menait la danse. Le requiem, c’est elle qui l’avait choisit pour ce contraste, pour le plaisir de les faire chanter. Pour leur rappeler ces valeurs catholiques, les ancrer bien présentes et avoir le plaisir de les faire aussitôt oublier.

    Kyrie eleison.

    Ils ne savent pas ce qu’ils vont faire. En effet, ce n’était pas le corps du Christ qu’ils allaient goûter, mais celui qui s’offrait en sacrifice. Quand délicatement son chemisier s’ouvrait aux regards des puissants, timides et gourmands.
    Quelques pas en arrière, en guise d’appâts.

    Ils hésitent, tentés, mais retenus par des valeurs désuètes et frêles. Le plus fanfaron s’avance et touche doucement cette épaule tout en perdant son regard au fond de cette dentelle sensuelle. Les autres regardent, hagards.
    Elle lui prend la main pour que son corps suive son regard de mâle. Elle dévisage se faisant ceux restés timides qui écoutent encore la musique comme si de rien n’était.

    Agnus Dei.

    La toile se tend. Elle esquisse un sourire en l’effleurant du bout des doigts et prend les choses en main comme la musique l’entraînait forte et intense, elle en mordrait presque cette chair offerte. Crescendo, le courageux se cache derrière ses valeurs. Se retient, immobile. Point d’orgue écarlate, il se perd dans une envolée lyrique accordée au requiem.

    Cum sanctis tuis in æternum

    C’est elle encore qui vient chercher le pain. Obligée de par la faiblesse des âmes. Les déshabillant d’un regard. Les regardant perdre leurs âmes, leurs valeurs, leurs habits. Elle n’en perdait pas une goûte, littéralement. Elle s’en abreuvait les papilles ou les reins perdant toute notion du temps. Ne se concentrant que sur son plaisir, sur les émotions, sur cette musique choisit à dessein.

    Ils étaient perdus, elle se retrouvait.

    Les couleurs habillaient désormais les meubles hors de prix. Teinté de beige, d’ocre de bleu voire de rose ou de jaune. Une oeuvre d’art éphémère, comme le temps qui suspend son vol.

    L’artiste fleurte pendant presque une heure entre la maîtrise et l’improvisation. Maitrise des instruments et de la technique, improvisation avec doigté.

    Et lux perpetua luceat eis

    Rassasié et satisfaite de son oeuvre, elle repart pour trouver une nouvelle source d’inspiration, une nouvelle oeuvre éphémère pour accompagner son âme sur terre.

  • Noa

    Ils connaissaient déja tous les consignes et guettaient du coin de l’oeil ses gestes, feintant de n’en avoir que faire. Elle savourait ces moments de fausses légèretés, car tous savaient que le voile qui recouvrait toute la pièce était léger, masquant les libidineux assoiffés. Il était temps de le lever. Elle se leva. Traversa la pièce, et debout, suivie par les regards avides, sorti de son sac un petit livre.

    Elle l’ouvrit à l’endroit où une page était cornée et lut à haute voix, interrompant les rares discussions encore en cours.

    « La reine Ayahta aimait asservir ainsi les hommes de sa cour. Son favori vint à elle comme un chien à son maître, pour laper chaque recoin de sa peau » Elle savait qu’elle commençait fort, mais se disait que le ton serait ainsi donné. Dans un silence profond, son regard quitta le livre et parcourut la pièce. Ils savaient que l’un d’entre eux allait entamer le ballet. Une agitation révélant une gêne mélée d’envie planait sur l’assemblée. Le regard stoppa. Le choix a été fait.
    L’élu posa son verre, fit un pas en avant pour s’approcher d’elle. Un petit claquement de langue désapprobateur se fit entendre. Il s’immobilisa quelques secondes, tourna la tête à la recherche d’aide, et réussi à attraper entre les regards rieurs, moqueurs, gênés de ses camarades, quelques signes d’encouragements. Il se mit à genoux et avança doucement au milieu du cercle qui s’était formé autour d’elle. Arrivé à ses pieds, elle acquiesca et il entreprit de caresser sa jambe encore recouverte des bas du bout de la langue. Son regard se figea sur un deuxième homme, qui à son tour suivi les consignes et vint rejoindre le premier, s’occupant de son autre jambe.

    Ils avaient bien été briefés. Elle entamait en tant que réalisatrice et actrice principale, la nouvelle sur laquelle elle avait tant fantasmé.

    « Il se déshabilla et s’assit sur le sol. Il fit en sorte d’être le meilleur trône possible, pour acceuillir sa dame, lui sussurant à l’oreille des mots dignes de son statut »
    L’homme désigné se dévêtit maladroitement, et vint s’assoir sur le sol en tomettes froides. Elle ôta prestement sa jupe et sa chemise, dévoilant ses sous vetements. Du noir. De la dentelle. Des portes jarretelles. Elle s’assit sur ce corps nu, offert. Son dos recouvrant le torse fier. La tête posée sur l’épaule, elle attendit les mots qui allaient, elle le sait, faire vibrer plus que ses tympans. Les deux hommes a ses pieds avaient suivi le mouvement et désormais flattaient ses cuisses et ses hanches de baisers.

    Son regard caressait les mots et les pages pour choisir la suite de ce scenario déjà écrit. « il s’avança alors vers sa dulcinée pour la pénétrer doucement de ses doigts, les faisant ressortir luisants, pour effleurer sa vulve et son clitoris tendu ». Le quatrième homme vint se frayer une place, et entreprit d’appliquer à la lettre ses directives.

    « Elle guida son vît dressé jusqu’à son antre sacrée. Il la pénétra, honorant ainsi les générations de reines passées et futures ».. La voix se faisait plus chaude. Les autres hommes encore spectateurs trépignaient comme des enfants attendant d’être choisis pour l’équipe de foot. L’homme désigné attisa la jalousie. Un bruit de boucle de ceinture. Il s’agenouilla face à elle. Des doigts s’agitaient toujours sur son clitoris. Elle saisit la queue qui se présentait et la posa a l’entrée de son con. D’une main elle guidait la pénétration et de l’autre maintenait le livre ouvert. Le corps sous la cheffe d’orchestre de cette jolie symphonie s’agita. Elle en saisit les mains pour les guider vers ses seins. Elle sentait le penis entre ses fesses se durcir également.
    Elle ferma les yeux un instant, se delectant de ces sensations et du calme qui l’entourait encore. Plus pour très longtemps.

    « les va-et vient se firent de plus en plus intense ». Sous ses mots, la pénétratrion s’accéléra, le visage lui faisant face se crispa légèrement sous l’effort. Les autres autours se calèrent sur son rythme

    Elle naviguait sur ce qui s’apparentait désormais à un agglomérat d’hommes, dans une tempête qui gagnait en intensité. Le souffle court, elle ne réussissait plus qu’à déchiffrer quelques mots.

    Les derniers spectateurs profitait de cette montée pour s’approcher à leur tour, la bite à la main, attendant un mot qui les autoriserait à plonger à leur tour.
    « mord »
    Ses flancs subirent les assauts de dents affamées
    « bouche »
    Elle prit en bouche l’un d’eux, entre deux lectures.
    « vite »
    Jusqu’à ce que le lâcher prise submerge le contrôle nécessaire à la lecture. Elle laissa tomber le livre, et décolla alors dans une jouissance intense. Elle se répandit sur cette assemblée de mains, de bouches et de sexes.

    Après quelques secondes pour reprendre ses esprits, elle se leva, ramassa le livre, s’assit dans le fauteuil le plus confortable et l’ouvrit à une autre page qui, elle aussi, était cornée.