Certains hommes envoient des poèmes, d’autres des pornos. Il est de ceux-là qui écrivent des poèmes et envoient des pornos. De quelle douceur est son cou ? Tandis qu’il me parle, je voudrais connaître la couleur de son sexe. C’est joli Paris dans ce petit square au soleil. Je ne m’y étais jamais arrêté, là sur un banc vert, ni à côté de lui ni seule. Je passais pressé. Debout dans son costume de bureau, il me fait signe, un petit bout de sandwich déjà entamé entre ses doigts. Un bâtiment blanc nous regarde. L’air est doux. Je voudrais connaître le parfum de sa peau et la délicatesse de ses détours.
Entre nous, il y a cette fille attachée à un tabouret haut. Elle est presque habillée. Ses pieds et ses mains sont contraints à se faire siège. Elle est culottée de noir, cela est certain. Son homme la bat comme plâtre. Soudain, il défait sa ceinture, en sort un sexe de taille vénérable, descend la culotte de la dame entre nous, puis la baise. Bien, fort, excitant. Les porns c’est comme les poèmes : indescriptibles.
Je parle trop quand j’en ai envie du silence des corps. Les voisins de banc entendent mes exploits de la nuit, exploits ratés, la vie n’est pas un poème. J’ai regardé une ceinture s’abattre comme plâtre sur un cul voluptueux. J’ai entendu les claquements tandis que mon con restait de marbre. Elle rougissait, le dos enveloppé de cuir, les seins libres, le cul tendu vers le maitre de la voisine blonde. Tout était réel. Je parle trop de la nuit d’avant. Quel est la perle de sueur au creux de son dos ?
Entre nous, il existe des soupirs contre l’oreiller mauve. Les mains entre les cuisses, je rêve de la femme qui souffre en plaisir, au cœur d’un bâtiment abandonné. Elle est à genoux sur un tissus posé au-dessus d’une dalle de béton. Je vois son homme qui l’emmène de claquements en ortie. Ils sont complices, nous dit l’écran. La main sur le corps de l’esprit, le nez enfoui dans un pompon vert, je me révulse de ces trayeuses pour femme que l’on voit en streaming de 6 minutes (moins de 6 minutes car nous avançons tous la bande, impatient derrière nos vitres encadrées de noir). Puis enfin, mes soupirs jouissent dans les écouteurs.
Poussière ocre du square aux pigeons insolents. Derrière les arbres se cachent une plage à la mer bleue, pays imaginaire où s’envolera l’homme de questionnements. J’écoute la vie qui se renoue ailleurs, se jette ici pour souffler là-bas. Je veux savoir la douceur de sa barbe rousse entre mes cuisses. Ses doigts auraient des questions entre mes seins. J’aurais laissé la vie monter en nous. Entre deux silences, je me serais relevé des draps blancs. J’aurais souri. J’aurais embrassé sa bouche humide, mes lèvres posées sur le goût de mes lèvres. Des baisers dans son cou, des morsures aux lobes, un souffle léger sur son épaule. Détours aux tétons, j’aurais su, oui ou non. Le nombril, toujours s’y attarder, toujours retenir l’instant du peut-être.
Il dit au revoir. Je voudrais que la rue disparaisse ainsi que sa réunion et la mienne. Un drap plus loin, nous aurions écrit un petit porn sans aucune autre prétention que la poésie.
***
Les mots nous font voyager.
A savoir la limite du porno, de l’érotisme, du poème…
ça ?….Le principal, c’est d’y trouver son compte.
C’est pour ça qu’on les lit..ou pas.
Quel texte!
@gemssa : et d’y trouver son plaisir
@cinqpetitessecondes (pour jouir ? pardon) : Merci :)
Il y avait un petit port. Ét du poisson grillé…