Dressing 1


Au milieu des décombres d’une vie en transition, il est planté nu. Du carton éventré, j’ai saisi les pelures d’un passé  devenu trop petit. J’y avais avalé des morceaux de destins plus gros que mes yeux, j’y avais compensé la tristesse et l’ennui avec des amants de chocolats. Plus je les suçais, plus je reprenais vit. J’y ai joui, heureuse aussi au cœur des lits. Il est là, nu. Il ne sait pas quel éclat frais il distille sous mes paupières fatiguées. Il a demandé. J’ai dit oui.

Ce corset de dentelle dessine mes sourires sur son torse plat. Il est beau, tu sais. Il est au-delà des mots que je pourrais soupirer ici. Satisfaite, je lui enfile une culotte de dentelle rose. Son sexe dru dépasse sous le nœud blanc cassé. Il est dressé, l’anneau en bannière. Sur son vit, je dépose un voile de veuve noire. Nous rions. Il dépose le rose à ses pieds et des friselis s’immiscent entre mes synapses. Une culotte de dentelle noire devient hamac de son sexe allongé. C’est tellement parfait, voudrai-je hurler aux murs impassibles de ma chambre. Le noir tombe sur ses chevilles, feuille qui fait onduler ma mare. Un serre-taille transparent et ciselé dessine ses hanches étroites. Je le tourne, petit cul androgyne. Porte-jarretelle vide, il nous faudra des bas la prochaine fois.

Au milieu du désordre de ma vie, il se pavane dans les dessous que je ne puis plus enfiler. Oh, je les avais gardé pour le cas où, sans savoir que ce serait lui sans seins. Sur le chemin, nous avons trouvé la robe du chaperon rouge, dont le loup dépasse. Bonjour Mère-Grand, voulez-vous de la pine au miel ? Je le tourne, petit cul caché sous les jupes de satin. Et la louve fait tomber la robe sur la descente de lit, indécence intime. Mettons donc la chemise de nuit de mère-Grand après avoir dévoré ses lubies. Vieux roses sur les tétons, hanches libres, cul nul et exhibitionnisme de chambre. Mets tes chaussons noirs aux oreilles de lapin. Savez-vous que la vie est souriante et décalée sous les toits rénovés ? Tombe le rose passé, perle la rose percée.

Sous la barbe, il passe la petite robe noire échancrée, soutane profane pour les soirées de novembre. Reviennent les ombres gaies des yeux scintillants d’audace nouvelle. Dans cette robe, j’étais la reine de mes jours de lumière. A côté des bars, je laissais les hommes deviner la couleur de mon sexe par-delà la fente du tissu noir. Mes seins tenaient le comptoir. Et si l’on faisait tenir la robe en l’accrochant à tes tétons par des pinces à linge ? Qui a dit que les fantasmes devaient être sérieux ?

C’est le gilet de grosses mailles noires qui finira par habiller ses épaules après ce long ballet de lingeries détournées. Bonjour Mamie. (Mamie a un sexe que personne n’a encore mesuré mais dont mon con approuve la taille). Je reviens dit-il. Dans ses mains, une boite rouge et rectangle. Je souris. Je sais. Il s’assoit au bord de mon lit bleu. L’air crisse. Il se fait belle. Cuissardes brillantes, talons et plateaux sous le gilet de grosses laines, sexe en liberté. Sous mon ordre, il s’allonge dans mon lit ainsi vêtu. Tu es ma pute, lui dit-je.


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