Assise dans la douche, les plantes des pieds l’une contre l’autre, je contemple son cul qui me surplombe. La douche ronronne d’eau et de mécanisme simples. Les gouttes inlassables s’écrasent sur nos chairs. J’ai soif. Sur ma langue tendue, je laisse glisser l’eau tiède qui rebondit sur mon sexe écart. J’ai le doigt disparu dans ses entrailles. Il m’attend, il attend. Cambre-toi bien mon ami. Mieux, tu peux mieux faire. Je me repose dans la blancheur de l’instant dont la seule couleur est celle de son cul rougi. Il fait tendre entre deux assauts.
Je veux l’eau sur ma peau, je veux ton sexe dans le mien, ici, là comme ça. Je veux être sur ton sexe, je veux ton dos et ton corps. Tu ne sais pas, pas encore. Je te veux sur la table basse, la blanche. Je te rêve dans mon con, accoudée au fauteuil rouge. Derrière les rideaux, l’escabeau s’habille de peaux de moutons pendant la nuit.
Dans la douche, je te veux cambré, petit homme au sexe nouveau. Tu es un rameau tendre et verdoyant, il te faudra être taillé et élagué. Attend-moi sur le seuil, perdu, esseulé, décoré de bois, cerclé de doutes. Attend-moi, c’est ainsi, tu verras le paradis au seuil de l’enfer. Une fleur contre la fleur, mon sexe s’élargit. Tu ne peux pas y toucher, tu dois juste regarder. Je ne suis pas un écran et tu ne peux même pas soulager ton désir que je vois grandir et rosir entre tes cuisses. La fleur pénètre, mon dos se plaque contre le blanc, l’eau ronronne. Tu ne peux rien dire. Je t’oublie, je ne suis plus qu’à moi dans la buée du petit matin.
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Illustration : Carpeaux
Saisissant.
C’est très beau cet écrit.