Peaux


O temps emporte les digues !

  Pendant qu’il est trop tard, viens petit amant du samedi, viens lécher mes doigts, un par un. Alors que s’écoule la nuit, mange chaque parcelle de mon avocat. Entre mes cuisses, dévore les réponses à tes questions. Mais déjà, il est trop tard. Tu es devenu adulte entre mes mains. Quand tu rentreras chez toi, ta mère devinera, aux ridules de ton sourire, que ton sexe est mou, flasque de vide. Demain matin, les livreurs de lave-vaisselle vont passer. Tu ne devrais plus être là, mais entre mes draps aux aurores, j’aurais avalé tes frayeurs nues. Ils sonneront. Et toi, tout endormi des sueurs de nuit, tu ne sauras […]


Trois temps de la valse 2

C’est une danse en trio. Des pieds graciles sans chaussure glissent les rythmes sur le parquet. Pointe tout contre les peurs. Elle se cambre sous la pluie, goutte drue sur son dos. Chacun de ses seins encaissent la vie avec grâce. Ils se dressent face au ciel. Pieds contre-danse. L’un après l’autre, noir sur peau. Beige en percussion. Deux hommes et une femme. Son ventre frappe les cuirs. La grêle s’abat sur son dos. Pointe de pied. Pied le long du mollet. Stop and go. Elle tourne désir. Impulsion. Ouragan sur les côtes. Elle se heurte. Elle tourne le dos, le ventre tendu. Poings liés, pieds libres. Sa vie claque […]


Dixit

Sur la carte à jouer, un escalier rouge grimpe. Dès que je vous ai aperçu, monsieur, mon sexe s’est approfondi. Vous portiez un pull marron, un peu élimé, un pantalon de velours beige et des chaussures de marche. Sur un coin de table, vous déposez une polaire bleu marine, et mon sexe imagine le vôtre nu comme un ver, brillant à bout, rosée du matin à recueillir. Je ne voulais pas vous déranger avec mon œil si poli qu’il en est malhonnête, alors j’ai évité le vôtre, marron sous une châtaigneraie. Nous avons échangé deux mots au bar. La serveuse est si jolie que mes entrailles fondent son sourire mais […]


Douche 4

La pluie aviez-vous dit, sur nos peaux nues, l’eau qui ruisselle, les fantasmes simples et doux, la pluie sans le rhume, nous avions souri. J’aime la pluie sous un velux, au chaud contre un torse. J’aime l’eau qui frappe aux carreaux sans que personne ne lui ouvre. J’aime la persévérance de la pluie qui ne se décourage pas face au dédain qu’elle subit. Mouille le toit. L’eau coule sur nos peaux nues. Derrière la porte de verre, nous avons laisser nos rythmes effrénés, les files de voitures et le travail à même les claviers. Le pommeau de douche distille une chaleur bienveillante. Il n’y pas de savon dans la roulotte. […]