cordes


Si occitant 4

Bien sûr que tu me manques, ta peau me manque, ton rire me manque, tes mains dans mes cheveux me manquent, tes lèvres sur les miennes sont absentes. Mais je n’ai pas mal. Bien sûr que la nuit me ramène ta tête écrasée contre le carrelage de la douche blanche, tandis que tes ongles noirs s’abandonnent. Bien sûr que mon sexe s’émeut encore de mon doigt dans tes entrailles, de tes râles et de mes reins qui s’agitent. Et mon cerveau bandait pour toi, de ce sexe érigé que je n’ai point. Je te possédais. Bien sûr que les draps murmurent au monde que tu découvris la cuillère tout contre […]


Tout contre-basse 3

Elle m’enserre dans ses bras. Debout l’une contre l’autre, nous sommes un cocon qui bruisse de concert. Elle m’a calée tout contre son genou afin que je ne bascule pas. Le cou tendu, je suis à elle. Il fait tiède tout contre elle. Ses ongles courts finissent de longs doigts fins. Ma tête devient un hippocampe quand ses seins se posent contre mon dos. Entre ses bras, je vibre. Sa main gauche court sur ma gorge, sa droite pince ma poitrine. Soupirs à grave. Silence à mi.  Sa bouche fait la moue, ses yeux sentent chacune de mes notes. Je virevolte. Deux doigts gauche, quatre droit ou l’inverse, elle me […]


Le ventre du monde

Recroquevillée sur le sol, j’entends les bruits du monde. Il craque sous mes oreilles, il s’agite tout autour. Entre mes mains, mes jambes sont immobiles. Le bois flotte, je souris au retour. Dans mon monde ne restent que les sensations, les pas mêlés, les objets sonores, le caoutchouc dansant. Dans le ventre du monde, je flotte. La foule se range, pas à pas, au pas crescendo. Plus jamais le monde ne frappera pour me faire revenir parmi eux. Ils veulent me parler pour que je leur retourne mais l’irréel est mon pays. Laissez-moi m’assoir à côté de la sortie, contre la vitre fraiche. Le rap rythme, le monde crie par […]


Peintre de langue 1

Dans la ville, nous avions traversé les fleuves enfouis. Je tentais de suivre le flot de tes paroles qui s’accrochait aux rochers, de temps à autre quand la vague submerge. Surtout, je ne voulais pas finir tes rêves avant que tu ais pris le temps de les prononcer. Grand homme des cavernes, gaulois érudit, peintre rupestre aux doigts habiles mais je ne le savais pas encore. La ville nous entortillait de ses allées. Elle nous ramenait aux souvenirs tout en nous plongeant dans un futur doux et simple. Elle était à nos côtés. Nous avons fait plusieurs fois le tour de nos citadelles. J’aime les yeux clairs quand j’ose y […]