Premiers désirs 1983
Je brûle de désir, je me consume, j’ai mal et je n’ai rien à me mettre sous la dent. Je meurs d’envies. Les jouets ne régalent pas le désir. Le désir est homme ce matin. Une peau chaude aux odeurs de phéromones masculines. J’ai envie de désir. Je veux sentir ton désir, tes yeux brulants posés sur moi, ta main chaude à mes hanches, ton souffle gorgé d’appétit. Tu vas me dévorer.
Je me souviens de toi, de tes baisers voraces, de la chaleur de ton corps habillé encore, de ta main sur ma cuisse la première fois, une main lourde de désirs et légère de retenue. Je sens ton sexe écrasé sur ma cuisse, ta bouche qui me dévore, tes lèvres qui reviennent sans cesse à moi. J’ai le mal du désir.
Je te voudrais toi. De loin en loin, je te vois vivre. Et ce matin j’ai envie de toi aussi. Je voudrais habiter près de toi. Je ne suis même pas jalouse des autres. Mais je suis envieuse. Et je te copie sans pudeur. J’ai trop envie pour rester raisonnable. Je ne peux m’empêcher de répéter à l’infini : envie, désirs, dévore, envie désir, envie désirs, baisers, baiser, baises-moi encore.
Je te vois. Enfin j’imagine cette belle noire dont tu es fou. Oh que je suis jalouse d’elle ! Ce matin, la faim me fait voyeuse imaginaire. Je vois ton corps se placer sous sa langue, j’admire sa dextérité, je vois ton cul offert à sa langue pointue. J’ai mal au désir.
Je veux tes mains qui rougissent ma peau au petit matin. Je veux geindre, petite chatte trempée, ronronner et remuer sans pudeur. Tendre mon cul pour de l’encore. J’ai envie de ta main qui claque, je l’entends raisonner aux tréfonds de ma soif. Dans ma culotte une légère auréole de désir, ce matin. Elle est pour toi. Je te la donne.
J’entends ta voix dire que je suis belle. J’entends le désir qui te consume, nu dans ton bain. Je vois ton sexe qui s’élève sous les eaux, perce la mousse, petite rose tendre. Je brûle. Je suis une braise, je vais m’éteindre. Vous êtes tous loin. Ici tout est loin. Même un nouveau quatre-heures. Et je n’ai pas envie de sexe, mais de désir à consumer sans modération.
Barrez-vous les mots, tirez-vous. Vous m’agacez bande de mots répétitifs. Taisez-vous. Vous êtes des minables. Silence. Vous ne branlez rien. Je te veux. De la chair vivante. Tes mots vivants. Ton vit. Je veux ronronner à la place de ton chat. Je veux combler le manque qui te ronge. Je suis contente que tu ne puisses assouvir ton désir avec une aucune autre. Egoïste. Ce matin j’ai tous les vices. Prends moi le cul que je ruisselle.
Les pieds nus dans l’herbe humide des attouchements nocturnes, je conjure le désir. Il trépasse par la plante de mes pieds, il s’incarne dans la fraicheur, il fond dans les timides rayons de soleil. Je le croquerais dans une tartine de pain de seigle à la croûte épaisse. Les cristaux du beurre salé calment mes papilles et se brisent sous mes dents. Les mots se sont tus.
Un tramway nommé désir d’Elia Kazan (1952)
Et tu nous nous emporte dans ce désir avec brio…
Et par une tartine de beurre salé, retrouver le calme momentané :)
Ah le beurre salé…
héhé.
Je le préfère avec des galettes de sarrazin par contre ;)
Ah les galettes de sarrasin… mais qu’en Bretagne, croustillantes et légères !
Oh, Marie…
Comme un uppercut a l’estomac :-O
Vous nous laissez le souffle coupé.
J’ai faim, voilà tout (c’est un peu étrange de « parler » au pseudo d’un écrivain connu)
Nous avons eu la même faim, même si elles ont été exprimées de façon différentes, c’est pourquoi tes mots trouve une résonance particulière, au contact de mes maux …
Très belles lignes Marie,
Je t’embrasse.
Merci Philo ! C’est un vrai plaisir de te lire régulièrement ici et sur ton blog.
J’ai grand plaisir à ce que mes mots te parlent. Bises
Eh bien… Pareil ce matin :-))
Vos mots bouleversants disent si bien l’indicible…
L’indicible, bilboquet fragile
J’ai le mal du désir… J’ai mal au désir… J’adore
Merci :)
C’est fou comme tes mots, une fois encore, peuvent aussi se lire au masculin. Moi aussi, je peux avoir mal à mon désir, et je veux qu’Elle l’entende ou le lise, ou le dévore. Merci pour tes mots