Gourmandise


Ailleurs 4

Certains hommes envoient des poèmes, d’autres des pornos. Il est de ceux-là qui écrivent des poèmes et envoient des pornos. De quelle douceur est son cou ? Tandis qu’il me parle, je voudrais connaître la couleur de son sexe. C’est joli Paris dans ce petit square au soleil. Je ne m’y étais jamais arrêté, là sur un banc vert, ni à côté de lui ni seule. Je passais pressé. Debout dans son costume de bureau, il me fait signe, un petit bout de sandwich déjà entamé entre ses doigts. Un bâtiment blanc nous regarde. L’air est doux. Je voudrais connaître le parfum de sa peau et la délicatesse de ses détours. […]


Sens à même la peau 3

  Le sexe est resté en gare ou s’est trompé de gare, nous ne le saurons jamais. Il ne reste que les sens à fleur de gosier, les sensations à même la peau, les sensitives impressions au bord de l’eau. Le vent emporte les déceptions, le courant charrie la barraca et le pont sourit aux lumières neuves. L’œil regarde, l’appareil photo tente de fixer l’autre réalité. La ville est nue, seules des dames promènent leur chien sur la rive. Il fera jour demain, il fera jour sur le fleuve haut. L’eau est noire, ou bleue parfois, dans le reflet des lumières de la ville. La tour est vaillante. La place […]


Prendre corps 6

Les mains posées sur mon verre à pied, le menton posé sur mes mains, je te regarde dans le silence marron de tes yeux profonds. Il fait silence entre nous, il fait du trouble, il fait de l’inconnu. Où ira le temps flottant ? Les mains posées sur ce verre, vide de ce vin rapide aux délices lents, je te regarde dans le vacarme de mes émotions. Le blanc de l’air se remplit de ta présence. C’est le deuxième silence.   Les mains encombrées de mon manteau et de mon gilet de laine, je te regarde, de loin, faire les cent pas. Je prends la mesure de ta silhouette pendant […]


Tape dans la barbaque

Hamburger de bistrot, je vais te dévorer le gigot. Large, épais, chair. Faim de toi au loup. Toi le guerrier, l’homme, petit, fini, fourni Ce poisson au bistrot, tu lui avales le bulot.   Ce soir j’ai faim. Donne le pain, aspire le vin La bouche immense, le steak, le ketchup Con cornichon qui se fait la malle J’en mets partout. Je m’en fou Toi mon gigot, tu vas prendre gros Saliver, regarder, les dés sont jetés Inverse sans verser. Valser entre deux cafés. Après s’en souvenir. De ton corps ferme. J’attrape mon foulard. Prends le départ. Adieu le bistrot. A moi ton gigot. D’agneau   Ce soir j’ai faim. […]