A vif 1


Nos mots ont dit oui et non, nos lèvres respiraient le péché de gourmandise, nos yeux suintaient de pépites. Nous nous étions donnés l’absolution dans nos confessionnaux respectifs. Nous sommes devenus prêtres et rois, consacrés par la vie, absous par nos errances et glorifiés par les méandres du commun des mortels. C’était ainsi que nous avions partagés ce repas sans blasphème, nous ne le pourrions pas. Je n’ai pas laissé monter chez moi ce corps-là.

Ce soir, j’ai envie de cette chair paternante. Il faudrait enfouir mes douleurs au creux de ses seins. Je voudrais me repaître de ses tétons.J’en ferai jaillir la consolante eau de tantale. Son ventre serait mon réconfort et son sexe mon graal du soir. Il saurait épouser mes replis. Il saurait avaler mes mélancolies. Mon gras saturé de ses baisers deviendrait un oiseau rare. Mais je ne l’ai pas laissé monter.

La première fois, je ne savais pas que son gras était tendre. Sa chemise transpirait d’envie. Je le laissais loin de mes désirs entrebâillés dans les bouton trop serrés. J’avais fait un compliment, j’avais dit que sa nouvelle chemise serait parfaite pour un date. J’avais suggérer que ce ne serait pas moi. Il m’avait raccompagné après un verre mais il n’était pas monté.

Ce soir, je voudrais savoir comment il est monté. Son gras serait-il confortable ? Ses baisers seraient-ils aussi gourmands que ses yeux ? Sa bouche serait-elle aussi généreuse que son vin ? Saurait-il trouver la source ? Je veux enfouir mon nez dans son nombril, respirer le creux de ses aisselles et passer ma langue sur son intime entrée. Je veux qu’il feule sous mon doigt et s’écorche le cœur sur les épines du mien.

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Illustration : Boubousauvedeseaux


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